« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole…Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. » Mais que veut dire « être fidèle » ? Selon le dictionnaire, celui qui est fidèle « manifeste de la constance dans ses relations, il ne varie pas, il ne s’écarte pas de ses engagements ». Dans l’Église, certains comprennent que, pour être fidèle, il ne faut surtout rien changer à la « tradition », à ce qui se faisait autrefois. Mais une telle compréhension de la fidélité ne peut qu’aboutir à un immobilisme qui empêche la vie.
Les Actes des Apôtres, en ce dimanche, nous racontent la crise qui surgit dans l’Église à ses tout débuts. « Certaines gens venues de Judée voulaient endoctriner les frères de l’Église d’Antioche en leur disant : “Si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés.” Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves entre ces gens-là et Paul et Barnabé. » Les Apôtres réunirent alors les anciens et toute l’Église. On finit par choisir une solution de compromis. Les païens devenus chrétiens devraient « s’abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang ou de la viande non saignée et des unions illégitimes ».
Cet épisode, pris sur le vif, nous montre que les Apôtres, qui étaient tous juifs, ont compris que la vraie fidélité à Jésus leur demandait d’abandonner certaines de leurs certitudes les mieux ancrées en eux et de dépasser la tradition juive. Ils se sont mis à l’écoute de l’Esprit Saint qui les conduirait « vers la vérité tout entière ». Remarquons encore que si, par la suite, l’Église avait résisté à l’Esprit, nous devrions, aujour-d’hui encore, ne pas manger du sang ou de la viande non saignée.
La fidélité n’est donc pas une fixation sur le passé, une répé-tition servile des choses anciennes. Jésus lie la fidélité à sa parole et à l’amour que nous lui donnons. L’amour est un don, mais il est aussi à construire, à inventer chaque jour. Cette créativité est source de vie. Elle se déploie dans la lumière de la parole de Dieu. Mais cette Parole nous rejoint dans les diverses circonstances de notre vie. Et nous savons que nous sommes encore en chemin. C’est finalement à nous d’inventer, avec la lumière de l’Esprit et en Église, notre manière, personnelle et communautaire, d’être fidèles à Jésus. Devant la tentation de revenir en arrière, n’ayons pas peur « d’avancer au large ».
Père Joseph HUNT