« Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. » Saint Thomas n’a pas été le seul à avoir une très grande difficulté à admettre la résurrection de Jésus. Saint Luc avait déjà noté que les Apôtres avaient pris pour du radotage ce que quelques femmes étaient venues leur dire, que le tombeau de Jésus était vide, que deux hommes en vêtements éblouissants leur avaient déclaré que Jésus était ressuscité. Saint Marc nous dit même que Jésus a dû reprocher aux Apôtres « leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l’avaient vu ressuscité. » Le moins que l’on puisse dire est que la résistance des Apôtres à croire en la résurrection de leur maître a été difficile à vaincre !
Mais qu’elle est bienheureuse, cette résistance ! Elle nous rejoint, aujourd’hui. Car, tant que nous sommes sur cette terre, notre connaissance s’appuie en grande partie sur notre expérience. Or, nous n’avons pas fait l’expérience des Apôtres qui ont vu Jésus ressuscité au milieu d’eux. C’était une présence étrange. Jésus avait bien fait revenir d’entre les morts le jeune homme de Naïm, la petite fille de Jaïre et, surtout, son ami Lazare. Mais on n’avait jamais vu ces trois-là traverser les murs, apparaître à un endroit et disparaître tout aussi mystérieusement. Tandis que lui, Jésus, était bien vivant, mais qu’elle était étrange cette nouvelle vie ! Les doutes des disciples ne sont vraiment pas surprenants !
Alors, il ne faut pas nous étonner si nous avons des doutes au sujet de la résurrection de Jésus. À vrai dire, nous ne pouvons que nous appuyer sur le témoignage des Apôtres. Mais une question se pose : ce témoignage est-il crédible ? Par définition, il ne peut y avoir de preuve scientifique. Il y a tout de même un indice. Si les Apôtres avaient inventé de toutes pièces l’histoire de la résurrection de Jésus, ils n’auraient pas eu l’humilité de souligner si fortement à la fois leurs doutes et les reproches de Jésus. Ce n’était pas là un aspect de l’histoire qui était à leur avantage ! Nous le savons, l’humilité, c’est d’abord faire la vérité sur soi-même. C’est ce que les Apôtres ont fait, spontanément, parce que leur expérience ne dépendait pas de leur imagination.
Alors, oui, nous avons une raison « objective » de faire confiance au témoignage des Apôtres. Notre foi repose non sur de l’imagination, mais sur un roc solide.
Père Joseph Hunt