Cette sentence vous semble sans doute excessive. Mais si l’on réfléchit bien et si l’on relit les textes de ce dimanche, tout spécialement la lettre de saint Jacques mais aussi l’évangile de saint Marc, on en arrive facilement à la conclusion qu’il n’y a pas d’autre voie pour vivre en disciple du Seigneur. Si nous voulons aimer Dieu, il faut faire des choix et tailler dans le vif, oserais-je dire.
En cette année sacerdotale il est bon de se tourner vers le Curé d’Ars pour voir comment il menait ses paroissiens vers Dieu. Car déjà en son temps existaient bien des obstacles pour que les habitants d’Ars puissent vraiment aimer Dieu. Tout d’abord les cabarets. Pour deux cents habitants, Ars en comptait quatre. Le dimanche les gens, après avoir travaillé le matin, se mettent « en habits du dimanche » et viennent passer le reste de la journée à jouer et à boire. « Le cabaret, » disait le saint curé, « c’est le lieu où les ménages se ruinent, où les santés s’al-tèrent, où les disputes commencent et où les meurtres se commettent ». Sans cesse, dans ses sermons, l’abbé Vianney revient là-dessus. Bientôt les cabarets sont désertés. Le patron de l’un d’entre eux vient un jour se plaindre qu’il est ruiné. Le curé lui donne de l’argent, et le cabaretier change de métier. Au bout de quelques années, les cabarets sont fermés et remplacés par des hôtels pour les pèlerins. C’est ainsi que, grâce aux efforts du curé, la misère diminua dans le pays, et les disputes cessèrent dans les familles.
Prenons un second exemple. Nous savons que le travail dominical est revenu à la une de l’actualité dans notre pays. Nous voyons que Jean Marie Vianney s’attaque également au travail du dimanche.
– « Ce jour là, » dit-il, « c’est le bien du bon Dieu, c’est son jour à Lui, le jour du Seigneur ! » Quand il parlait de ce sujet, le curé en avait les larmes aux yeux, car il savait que la plupart de ses paroissiens travaillaient tous les dimanches. Après les Vêpres, il allait souvent faire un tour à travers la campagne, si bien que ceux qui le rencontraient, se trouvaient très gênés d’être pris en flagrant délit de désobéissance à la loi du Seigneur. C’est ainsi qu’un dimanche, le curé voit venir dans sa direction une voiture de gerbes, mais pas de conducteur ! Celui-ci s’étant caché derrière sa charrette dès qu’il a aperçu le prêtre. Seulement le bon pasteur connaît les chevaux, il appelle l’homme par son nom et lui dit : – « Mon ami, vous êtes bien attrapé de me trouver là… mais le bon Dieu vous voit toujours…» Le paysan cessa peu à peu de travailler le dimanche, et l’ensemble de la population fit de même, de sorte que les paroissiens d’Ars purent ainsi se reposer et consacrer ainsi plus de temps à leur famille ainsi qu’aux œuvres de charité.
Ces deux exemples montrent qu’il est possible de fuir le péché indi-viduel et que l’ensemble d’une population s’en trouve mieux et plus aimante envers le Seigneur. Cela suppose de faire des choix et une vision qui dépasse l’individualisme pour contempler la vérité.
Père Jean-Luc MICHAUD