Dans la nuit de Bethléem, la naissance de Jésus est l’avènement de la lumière de Dieu dans les ténèbres de l’humanité. « Sur les habitants du pays de la mort, une lumière a resplendi » (Is 9,1). Dans cette très sainte nuit, les promesses de Dieu sont accomplies. L’homme n’est plus soumis à la mort. La vie lui est proposée en Jésus, fils de Marie.
Seuls les pauvres ont accueilli cette lumière au cœur de la nuit. Les bergers de Bethléem représentent tous ceux et toutes celles qui n’ont pas d’autre espoir en ce monde que l’amour et la promesse de Dieu. Les mages viendront bientôt représenter les peuples de la terre étrangers aux promesses d’Israël. Ils représentent les recherches et les espoirs des hommes qui n’ont pas encore connu la promesse de Dieu. Tous, pauvres et chercheurs de Dieu, reçoivent en cette nuit la réponse à leurs attentes : la lumière de Dieu éclaire le monde, l’amour de Dieu comble ceux qui le cherchent.
2000 ans plus tard, nous célébrons la naissance du Christ. Sommes-nous parmi les pauvres qui se tournent vers Dieu et qui le supplient ? Sommes-nous parmi les nantis qui n’ont pas pu faire une place, au milieu de leurs richesses, à Celui qui vient pour les sauver ? Sommes-nous parmi les hommes et les femmes qui scrutent le ciel pour trouver les chemins de la vie ? Sommes-nous parmi les « sages et les savants » qui pensent connaître les secrets du monde ? Comment pouvons-nous accueillir vraiment le Christ si nous sommes noyés dans nos richesses ? Comment pouvons-nous espérer le Christ si nous croyons que nous sommes capables de sauver le monde sans Dieu ?
Ne cachons pas nos pauvretés et notre misère sous les déguisements d’une fête du commerce. Ne faisons pas taire notre désir du bonheur en le réduisant au clinquant d’une fête. Voyons Noël autrement. Laissons-nous nous porter par la joie de voir que Dieu n’oublie pas les hommes et qu’Il a voulu se faire proche de nous. Suivons le chemin que Dieu lui-même a ouvert, en nous faisant proches de nos frères. Allons vers ceux qui ont des griefs contre nous et demandons leur pardon. Allons vers ceux qui sont seuls et isolés et tendons leur la main. Allons vers les pauvres qui attendent une aide des hommes et de Dieu.
Ne doutons pas que Dieu veuille notre bonheur et tournons notre désir et notre attente vers la plénitude de la joie. Ce qui nous comble de joie, ce n’est pas la promesse de biens plus ou moins utiles, c’est l’amour. L’amour que nous recevons de Dieu et que nous partageons avec nos frères. En cette première année de « Paroisses en Mission » dans le diocèse de Paris, sachons accueillir le Christ en accueillant les pauvres, puissions-nous annoncer le Christ en vivant dans l’espérance !
Bon et joyeux Noël à tous !
+André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris