FAUT-IL DÉFENDRE L’ACCUSÉ, LA VICTIME OU LA MORALE ?
Dans l’affaire qui agite le monde depuis deux semaines, les réactions les plus remarquées ont d’abord été les tentatives de disculper l’accusé, puis les protestations en forme de soutien à la victime. Enfin les indignations, d’ailleurs toujours politiquement intéressées dans un sens ou dans un autre, et de ce fait souvent peu claires. Mais a-t-on entendu défendre la morale, tout simplement ? Et qu’ont pu dire les parents à leurs enfants qui les interrogeaient sur tout ce bruit ?
Ne faudrait-il pas rappeler, calmement mais fermement, que, non seulement la violence criminelle, mais déjà l’infidélité conjugale et même le harcèlement séducteur sont à réprouver chez tous, et en premier lieu chez les grands dont la responsabilité est aggravée par leur position forcément exemplaire ? Mais qui pourra tenir cette position de donneur de leçons dans une société où toute autorité morale est disqualifiée, bien plus, où toute autorité est moralement disqualifiée ?
En outre, la question se pose pour nous du rapport entre la foi et la morale, avec une sorte de querelle des anciens et des modernes, ces derniers tenant pour la liberté des enfants de Dieu contre le moralisme clérical. « La dévotion du 19e siècle a tronqué le concept de pureté, la réduisant toujours plus à l’ordre dans le domaine de la sexualité, la contaminant ainsi de nouveau par le soupçon à l’égard du corps. » C’est Benoît XVI qui l’écrit dans son dernier livre (page 80).
Le pape n’est pas moderniste, mais il est croyant et il a lu l’évangile de saint Jean. « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » nous dit Jésus au début de l’évangile d’aujourd’hui : cette phrase initiale est la clef de la question qui nous occupe. Tous les hommes connaissent, au fond, les commandements : la « loi naturelle », explicitée et rappelée par
le Décalogue, est inscrite en leur cœur. Mais, sous l’influence du Mauvais, ils n’aiment pas Dieu et donc ils font le mal.
Jésus nous en libère, nous donnant ainsi d’aimer Dieu et donc de faire le bien, c’est-à-dire d’aimer le prochain. Nous ne sommes pas des champions de morale, mais les pécheurs pardonnés que Dieu sanctifie dans la communion avec son Fils bien-aimé. Immergés dans sa miséricorde, nous pouvons appeler tous les hommes au bonheur d’être libérés du mal. Nous annonçons celui qui défend la victime, l’accusé et la morale véritable. Car l’Esprit Saint promis, le Défenseur, est Amour et Vérité.
Marc Lambret, curé