Fête du Corps et du Sang du Christ
Dans le texte de l’Exode de ce dimanche nous comprenons que Moïse symbolise en sa personne trois courants de la tradition juive héritière de la Parole de Dieu dans le don de la Torah sur le Mont Sinaï. La tradition orale lorsque Moïse rapporte au peuple toutes les paroles du Seigneur et tous ses commandements. La tradition écrite lorsque Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur et la tradition liturgique lorsque Moïse établit des autels et institue des jeunes israélites pour offrir des holocaustes au Seigneur. Chaque tradition établit un lien spécifique avec le Seigneur, l’oralité (ou la transmission), l’écrit (ou l’enseignement) et enfin la prière (ou l’offrande de soi dans l’action de grâce sacrificielle). Moïse devient aussi le lien physique et prophétique de ces traditions en les unissant par le signe du sang, symbole de la vie qui circule entre le livre écrit, la parole lue et le peuple qui s’offre en sacrifice d’obéissance à toutes les paroles reçues du Seigneur. Cette vie est l’Alliance conclue par Dieu avec son Peuple car le sang, c’est la vie. C’est comme si notre sang naturel ne suffisait pas : Dieu veut nous apporter un sang nouveau, capable de nous unir à Lui par une alliance vitale. Mais le peuple d’Israël est trop téméraire et nous savons que la désobéissance l’emportera sur l’enthousiasme premier de vouloir obéir. La séduction des convoitises l’emportera sur le commandement divin. C’est que Moïse n’est qu’un homme et ses pouvoirs sont limités à sa nature.
La lettre aux Hébreux nous explique que le Christ est plus que Moïse. Jésus porte en lui et autour de lui le pouvoir de réaliser toutes les figures et images annoncées par les prophètes. Le Christ est la Parole vivante de Dieu au milieu des hommes qui annonce le bonheur qui vient, et son corps physique est poussé par un Esprit Eternel qui présidait à la fondation du monde et dans tous les Prophètes. Le corps du Christ est une demeure sainte dont la vie est l’Esprit de Dieu. Son sang est la vie sainte de Dieu capable seule d’atteindre la réalité non physique de nos consciences souillées par des actes qui ne donnent pas la vie mais conduisent à la mort spirituelle. Le Christ, par l’effusion de son sang, nous communique son Esprit. Il nous introduit dans l’œuvre du Dieu Éternel par une alliance établie une fois pour toute, irrévocable. Ce lien nouveau, cette Alliance, cette purification et donc la libération de la condition humaine épiée par le péché, se réalisent pour tous ceux qui croient en Jésus-Christ, Médiateur unique entre l’homme et Dieu.
Cette Alliance, nous dit Jésus, nous appelle à une communion encore plus profonde. Jésus transforme le produit de la vigne en un vin nouveau du Royaume des Cieux. La vigne, c’est Jésus et nous sommes les sarments produisant un fruit nouveau aux saveurs de la vie éternelle : les fruits de l’Esprit. Boire à la coupe de son dernier repas pascal pour Jésus, c’est être en communion avec tous les croyants. Le vin nouveau du Royaume de Cieux, c’est la communauté des croyants dans la Jérusalem céleste qui ont traversé la grande épreuve, lavé leurs tuniques et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau.
Père Vincent Naude