Il était une foi… la nôtre
Le Pape donne donc à l’Église une « année de la foi ». Je voudrais lui donner au moins deux sens qui pourraient nous guider dans ces deux crises, ces deux révoltes, que nous tra-versons dans notre pays.
La crise du Nom, d’abord. Nous avons enlevé à Dieu son nom. Et en perdant son nom, Dieu est devenu une idée, un être impersonnel, abstrait. Or la première Révélation biblique, c’est que Dieu a un Nom : « Je suis ». Un nom mystérieux qui nous appelle à Le chercher. Le Judaïsme et le Christianisme rendent gloire au Saint Nom de Dieu. En lui enlevant son Nom, nous sommes sortis de la foi biblique, nous sommes entrés dans une religion de l’Imaginaire ouverte à toutes nos projections. En ne nommant plus Dieu « Père », on en arrive à ne plus appeler nos géniteurs « père » et « mère » – mais peut-être bientôt « parent 1 » et « parent 2″. C’est le signe de la deuxième crise !
La crise du non ! La crise de l’éthique, consécutive de l’éloi-gnement de la question de Dieu. « S’il n’y a pas Dieu, tout est permis » (Dostoïevski). Si notre monde ne procède pas d’une raison créatrice, l’éthique n’est qu’un code de la route fondé et élaboré en fonction des subjectivités dominantes ! Chacun chez soi.
Pour affronter ces crises (car cela ne sert à rien de les dénoncer sans proposer un autre scénario), l’Église réitère son projet : faites le saut de la foi, ce n’est pas sot… C’est même un sceau ! Au seuil de notre religion, il y a un « je crois ».
À l’intime de l’homme, il existe un point de confiance et de conscience qui n’entre pas dans la catégorie de la vue et du toucher et qui appelle de notre part un retournement, une conversion au-delà du seul visible. La foi est ce mouvement de conversion. C’est dans cet acte de conversion que nous comprenons la signification du « je crois ». C’est pour cela que c’est difficile d’être croyant : parce que c’est un saut, une rupture qui nous change, qui nous modèle autre, qui nous transforme. Et qui chasse aussi nos peurs.
Je vous laisse méditer cette petite histoire qu’un ami m’a racontée, le jour de mon ordination. Il me la disait de ce saut que représentait pour lui l’engagement du prêtre. Nous pou-vons aussi l’entendre comme un sens à cette année de la foi !
« La peur a frappé à ma porte.
La foi est allée ouvrir…
Il n’y avait plus personne ! »
Père Philippe Marsset