Épiphanie du Seigneur
Dans cette fête qui couronne Noël d’une féerie mystérieuse, tout est obscur et pourtant nimbé de lumière. Lumière qui n’émane pas de la légende dorée à laquelle Matthieu a pu emprunter quelques traits, mais qui rayonne d’un frêle enfant, Fils du Père éternel, Messie des Juifs, Dieu pour les païens, et, face à Hérode, Roi des nations.
Admirable pédagogie divine où s’annonce le message de Noël par des signes adaptés à chacun : aux bergers par une crèche, aux mages par une étoile, aux théologiens par l’Écriture, à Hérode lui-même par des savants venus d’Orient. Ces païens restent pour nous la figure de l’immense multitude humaine, déracinée du paradis, et qui garde de ce souvenir lointain on ne sait quelle faim inassouvie. Combien furent-ils à pressentir ce Roi des Juifs né sous une bonne étoile ? Les mages seuls prirent la route et la suivirent jusqu’au bout.
« Les cieux racontent la gloire de Dieu » (Ps. 18,2). S’appuyant sur la sagesse humaine, les mages vont d’abord à Jérusalem, centre du mystère juif. Car dans le plan de Dieu, il faut que leur science en vienne à passer la main à l’Écriture révélée et qu’ils apprennent, grâce à elle, où est l’Enfant. La foi naissante et déjà éprouvée peut alors entamer une dernière étape : celle qui leur fera discerner dans le nouveau-né de Bethléem, le Roi d’un invisible royaume. Reste alors à s’en retourner par un autre chemin : celui d’une autre vie, avec l’étoile au fond du cœur, pour toujours.
Les scribes, eux, ne se sont pas dérangés : sentinelles endormies, ils laissent le dépôt de la vivante vérité devenir comme un fruit mort entre leurs mains. Quant à Hérode, qui sent son trône échapper, il couve un projet meurtrier. Mais Dieu est là, qui veille sur tous les marcheurs à l’étoile.
Père Joseph Hunt