Editorial du dimanche 7 juin 2009: LA TRINITE, A QUOI CA SERT?

La sainte TrinitéMais à quoi donc peut bien servir la Sainte Trinité que nous fêtons ce dimanche ? Quel mystère compliqué ! Que d’étranges spéculations, si éloignées de nos questions et de nos désirs immédiats ! Oui, reconnaissons-le : à proprement parler la sainte Trinité ne sert à rien. Elle n’est pas utile. Mais elle est ! Elle est la vérité de Dieu, et c’est en elle seule que nous trouverons notre plénitude. Dieu est un ami. Voilà pourquoi l’essentiel de notre foi, ici-bas, porte sur les merveilles que Dieu a faites pour nous. Dieu nous a moins révélé qui Il est en lui-même, que qui Il est pour nous. La création nous le montre généreux, dispensateur de vie. Son Incarnation nous le montre proche de nous. Sa passion nous montre combien il nous aime, jusqu’à mourir pour nous pardonner. Sa résurrection et son ascension nous ouvrent l’espérance de la vie éternelle. Le don de l’Esprit-Saint nous régénère et nous éclaire. Le don des sacrements qui nous fortifient sur la route. Le don de sa morale qui balise notre route et nous évite les écarts.

Voilà en effet, cette patiente pédagogie divine, qui nous dévoile avant tout des vérités utiles pour nous, proches, visibles, palpables, adaptées à notre capacité. Et pourtant là n’est pas l’essentiel. Car, à travers les merveilles qu’il a faites pour nous, Dieu nous invite à convertir notre regard. A ne plus le regarder en fonction de nous-mêmes, par rapport à nous, mais plutôt à le laisser nous dire qui il est, en lui-même. Non plus pour notre utilité étriquée, ici bas, mais pour lui, parce qu’il est ainsi, en toute gratuité.

Il faut apprendre le solfège avant d’écrire une symphonie ? Et bien la Trinité c’est cette symphonie que nous pouvons entendre désormais ! Partition redoutable de complexité : les notes, les mesures, les mouvements, tout s’embrouille sous nos yeux épais. Trois personnes en un seul Dieu… A trop considérer l’unité toute simple et toute puissante de Dieu, on en vient à oublier que le Fils et l’Esprit sont des personnes, engendrées et aimées pour elles-mêmes. A trop considérer la pluralité, la singularité des trois personnes, on en vient à oublier la toute puissante unité de Dieu, on verse facilement, sans s’en rendre compte, dans le polythéisme.

Notre premier pédagogue ce fut le Verbe, le Fils éternel, qui s’est Incarné pour nous révéler cette partition. Aujourd’hui, c’est l’Esprit Saint, qui nous conduit vers la vérité tout entière. Alors, laissons l’Esprit nous initier, peu à peu, aux secrets de Dieu. Aimer quelqu’un, c’est l’aimer pour lui-même, et non pour nous, pour notre utilité. Aimer Dieu, c’est l’aimer dans son mystère trinitaire. Ici bas, malgré nos efforts, nous n’ouvrons que difficilement notre esprit à la contemplation du vrai Dieu. Telle est notre tâche ici-bas : nous laisser initier peu à peu, à l’amour véritable, à l’amour du vrai Dieu, tel qu’il est en lui-même. Telle sera notre gloire, dans le Ciel, d’autant plus pleine que nous l’aurons plus ardemment désirée : unir notre voix au concert céleste, dans l’éternelle louange de la Sainte Trinité.

Père J.-L. MICHAUD