LA TENDRESSE DE DIEU AURA LE DERNIER MOT
De dimanche en dimanche en ce temps pascal, le message est le même : c’est un message d’espérance. Oui, les temps sont durs ; oui, les années passent, avec leur lot d’épreuves personnelles, familiales, ecclésiales ; mais ce qui fait vivre le disciple de Jésus, ce n’est pas la sécurité, c’est la certitude que le Christ est déjà vainqueur de ce qui oppresse les hommes, certitude qu’il est vivant, Lui, vrai homme, vivant de la vie même de Dieu, certitude qu’il est plus présent que jamais à son Église. Il est vrai que nous ne voyons pas le Christ, mais nous avons un moyen merveilleux de le rejoindre : là où nous sommes, il nous suffit de tendre l’oreille pour entendre la voix du Berger : « Mes brebis écoutent ma voix, dit Jésus ; moi, je les connais, et elles me suivent ».
Nous ne périrons pas, parce que nous serons défendus. Et jamais rien ni personne ne pourra nous arracher de la main du Christ, car le Christ nous garde et nous serre comme le cadeau que le Père lui a fait : « Ils étaient à toi, et tu me les as donnés, et je n’en ai perdu aucun » (Jn 17,6.12). Le Christ tient à nous, Dieu notre Père tient à nous, lui qui est « plus grand que tout ». C’est bien cela l’inouï : que Dieu veuille à ce point réussir l’homme, et qu’il nous ait donné un tel berger pour nous conduire à la vie.
Mais si le Seigneur nous assure de sa présence, il ne nous invite pas au repos, du moins pas encore : « Mes brebis me suivent », dit Jésus. Admis à l’intimité du Père comme le Christ, nous sommes, comme le Christ, envoyés jusqu’au bout de notre chemin terrestre, jusqu’au bout du don de nous-mêmes, et ce que Dieu dit à l’Apôtre saint Paul au cours de sa mission, il le redit à chacun de nous dans la prière : « J’ai fait de toi la lumière des nations, pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 13,47).
Cela est urgent particulièrement en ces temps où notre pays semble perdre la tête dans un idéalisme prométhéen et où l’œuvre de Dieu est méprisée, piétinée, ainsi que 2000 ans de civilisation chrétienne. Alors il faut se réveiller, il faut se lever, il faut marcher : il faut suivre. Avant de parvenir jusqu’au trône de Dieu, dit le voyant de l’Apocalypse, il faut passer « par la grande épreuve » (Ap 7,14), par un test de fidélité à négocier au quotidien. Il est des jours où l’épreuve se fait plus lourde, et la fidélité plus difficile, des jours où l’on est las d’être en route, las de soi-même et déçu du troupeau ; il est des heures où toute lueur d’espoir s’éloigne, pour nous-mêmes ou ceux que nous aimons. C’est le moment où notre conversion spirituelle doit venir féconder nos engagements temporels. Comme il est bon de nous rappeler alors – car cela aussi est le message de Pâques – que notre Dieu est « plus grand que tout ».
Père Jean-Luc MICHAUD