llChère Marthe,
Dans cette longue page d’Évangile, tu es en deuxième ligne derrière Lazare, ton frère. Mais le peu que tu dis me touche suffisamment pour que je t’écrive ces quelques lignes.
Après la mort de ton frère, tes amis sont venus te consoler. Ils te réconfortent en te parlant de l’au-delà, comme nous essayons aussi de le faire, maladroitement. Mais ça ne te suffit pas, tu n’es pas consolable.
Alors, comme Jésus vient vers toi, tu cours à sa rencontre : « si tu avais été là… ». Oui, Seigneur, si tu es là, si tu existes, pourquoi la mort ? Ta question est bien la nôtre, Marthe.
Tu entends une première réponse : « Lazare ressuscitera » ; mais elle ne te suffit pas. La résurrection, c’est loin. Ca ne te rend pas Lazare, aujourd’hui.
Comme tu ne veux pas blesser Jésus, tu le remercies : « Oui, je sais : il ressuscitera au dernier jour. » Mais imperceptiblement, il t’amène à un deuxième questionnement. Non sur la résurrection comme un concept (si loin), mais sur sa personne. « Je suis la résurrection et la vie : crois-tu ? » Et là, Marthe, tu réponds « Oui, Seigneur, je crois. » Là, tu as fait un passage : le passage de « je sais » à « je crois ».
Parce que tu as cru, tu vas voir. Tu vas voir Lazare vivant. Tu sais bien qu’il mourra une deuxième fois parce qu’il sort du tombeau encore ligoté par les liens de la mort : les linges de la mort sont restés sur lui. Mais tu as fait confiance à celui qui te dit qu’il est la Résurrection en personne. Tu nous conduis à Pâques, Marthe, quand lui Jésus sortira de la mort en laissant les liens de la mort dans le tombeau car lui seul est ressuscité : « les linges étaient là, gisant à terre. »
Marthe, tu es comme l’Église qui annonce ce qu’elle a vu pour que nous croyions : Oui, nous mourrons, mais le Messie dépose dans sa Parole et sa Personne une puissance de vie plus grande que la mort : « qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé a la vie éternelle » (Jn 5, 24). Croire en la Parole du Ressuscité, c’est déjà vivre en ressuscité.
Merci, Marthe, tes questions m’ont vraiment rapproché de Pâques.
Père Philippe Marsset