Comment la messe fait-elle des chrétiens ?
La question peut surprendre ; elle reprend une formule très ancienne attribuée à Saint Felix : « Les chrétiens font la messe et la messe fait les chrétiens ». En ce jour où 27 enfants du catéchisme et jeunes de l’aumônerie communient pour la première fois, nous pourrions les interroger et être ainsi édifiés par ce qu’ils ont découvert de l’Eucharistie. Bien que les réponses d’enfants manquent rarement de nous surprendre, voire de nous émerveiller, une réponse attendue pourrait être que le Corps du Christ reçu au cours de la messe est une nourriture qui aide à vivre en chrétien ; une nourriture qui aide à aimer comme le Christ nous a aimés…
Cette réponse que je donne bien volontiers n’est cependant pas suffisante car elle tend à concentrer sur la seule communion les fruits de la messe et pourrait conduire l’assimiler à quelque chose de magique.
Alors que dire ?
Tout d’abord ce qui contribue à faire des chrétiens, c’est une expérience d’Église. Expérience heureuse, ou malheureuse, attirante ou repoussante, dans tous les cas, la messe permet de prendre part à l’Église. À la différence de nos prières solitaires ou même de groupes de prières, l’Église est assurément présente à chaque messe, l’Église universelle unie au successeur de l’Apôtre Pierre, l’Église du ciel et de la terre. Qu’elle soit représentée par une toute petite portion de ses enfants, par les plus pécheurs ou les plus saints, elle est toujours là et toujours la même.
Mais cette expérience d’Église bien que nécessaire ne suffit pas à faire des chrétiens. Pour faire des chrétiens il faut surtout qu’il y ait rencontre du Christ. C’est cette rencontre qui fait des chrétiens parce que, elle seule, est vraiment trans-formante. Cette rencontre est préparée par l’écoute de la Parole et s’accomplit au moment de la communion, mais elle est déjà réalisée dans l’union de l’Église et du Christ que l’Esprit Saint opère au cours de la messe. En effet, c’est parce qu’elle est unie au Fils, qu’elle peut offrir au Père prières et sacrifice pour réconcilier le monde avec lui et recevoir de lui la paix. Si cette union ne dépend pas de nous mais de l’Esprit, en revanche il nous appartient de prendre part activement à l’Église au sein de la communauté qui la représente là où nous nous trouvons. De cette participation dépend la réalité et l’efficacité de notre rencontre du Christ, et finalement aussi notre qualité de chrétiens.
Père Pierre Labaste