Bonne nouvelle !
« Aujourd’hui, vous est né un sauveur » : ces mots entendus par des bergers de Bethléem il y a plus de 2000 ans résonnent chaque année dans nos églises au moment de Noël. Quels effets nous font-ils ?
Force est de constater que le titre de Sauveur donné à l’enfant Jésus évoque aujourd’hui davantage une histoire de « super-héros », qu’il n’éveille une espérance. Une forme de désenchantement peut expliquer que nous soyons désormais enclins à classer le mot sauveur dans la catégorie « science-fiction ». Sans doute y a-t-il une déception derrière cela ; une déception pouvant venir du constat que depuis 2000 ans, les hommes ne semblent pas meilleurs et que leur vie les mène toujours à la mort… Les croyants ne sont pas à l’abri de cette déception et peuvent aussi être embarrassés par le titre de sauveur donné à Jésus ; en effet le constat que la foi n’épargne pas aux croyants les épreuves ni de retomber dans le péché, peut produire cet embarras.
Toutefois, une autre raison peut être avancée pour expliquer notre difficulté à attribuer ce titre de sauveur. Donner ce titre, implique de reconnaître que nous avons besoin d’être sauvés, ou dit plus brutalement, reconnaître que nous sommes en péril… Paradoxalement, personne n’ignore la violence qui sévit dans le monde ; tout le monde fait aussi l’expérience de la souffrance et sait qu’il connaîtra un jour d’une manière ou d’une autre la mort. Mais qui ose appeler à l’aide un peu au-dessus de lui-même ? Qui accepte de reconnaître que l’humanité n’est pas, et ne sera jamais, en mesure de s’en sortir par elle-même ? Beaucoup préfèrent se fier aux progrès des sciences, des techniques et de l’éthique, ou finalement désespérer de tout.
Le récit de la nativité de Jésus semble écrit comme un parfait conte pour enfant. Pourtant, c’est d’abord aux adultes qu’il s’adresse. Il ne répond pas à nos questions encore moins à nos objections mais il nous projette à un moment précis du passé et sur un territoire donné. A ceux qui acceptent de faire le déplacement, il enseigne que Dieu peut désormais les rejoindre en tout lieu et tout temps, et leur donner de vivre chaque instant différemment.
Père Pierre Labaste