Passer du cœur de pierre À la foi de Pierre
Si la pêche de Pierre est totalement improductive au début de cette page d’Évangile, c’est à cause du cœur de pierre de Pierre. « Je ne connais pas cet homme », trois fois répété le vendredi saint. Il ne peut plus reconnaître « cet homme » parce que, de fait, il ne le connaît plus. Alors un autre disciple, sûr d’être aimé de Jésus (au point de choisir ce pseudo : « le disciple que Jésus aimait ») va révéler à Simon Pierre que cet homme « c’est le Seigneur ». Nous apprenons ainsi ce que veut dire « avoir la foi » pour un disciple.
C’est de se savoir aimé par Jésus, même si on trahit.
Pour que Pierre puisse être recréé dans sa mission d’Apôtre (« suis-moi »), il devait vivre cette expérience. Il la vit pour lui-même, dans sa chair. Mais comme il est Pape, il la vit aussi pour l’Église, dans sa chaire : pour nous enseigner !
L’amour du Seigneur est le moteur de la foi. Jean reconnaît le Seigneur parce qu’il est habité par l’Amour de Jésus et qu’il porte ses Paroles en lui. Il est l’intermédiaire qui va permettre à Pierre de se jeter à l’eau. Il se revêt du vêtement de sa misère et nage vers Celui qui est Miséricorde. Jésus l’attend. La miséricorde nous attend toujours.
Et la Miséricorde interroge trois fois la misère sur la profondeur de son amour : « Pierre, m’aimes-tu ? ». Le Seigneur descend. Il vient visiter les limites si fragiles de l’amour de Pierre, les contradictions de l’amour humain pour les embraser, près d’un feu de braise (qui était aussi là au moment de la trahison, et Pierre s’y chauffait !)
Cette expérience est celle de la miséricorde.
La miséricorde, c’est être aimé d’un amour immérité. Par Dieu, en son Fils Ressuscité.
La miséricorde, c’est, ensuite, aimer du même amour ceux ou celles qui, à nos yeux, ne le méritent pas.
Telle est la foi de Pierre le fragile, le pécheur repêché. Peut-être est-ce pour cela que Jésus l’a choisi comme premier Pape, plutôt que Jean ? Pour que nous nous reconnaissions en lui.
Père Philippe Marsset