Abolir la Loi ou l’accomplir ?
En écoutant l’Évangile d’aujourd’hui (bien long !), nous entendons ce refrain « Vous avez appris / Moi, je vous dis ». On en lit 4, mais il y en a 6 en tout, dans cet enseignement de Jésus sur la montagne.
« Vous avez appris » vise la Loi de Moïse. « Moi, je vous dis » vise l’enseignement de Jésus. D’où la question : l’enseigne-ment de Jésus vient-il remplacer le Judaïsme ?
La tentation est de dire oui. C’est pourquoi Jésus prend les devants. Ses premiers mots, après les Béatitudes, sont pour dire : « Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir ».
Abolir ce serait détruire, abroger. Mais alors Dieu regretterait-Il ou pire, se serait-Il fourvoyé en donnant la Loi ? Évidemment, non. Donc, le Messie ne vient pas détruire la Loi mais il va dénoncer une certaine manière pour Israël d’entendre ou de vivre la Loi qui la rend invivable. La Loi pour la Loi. La lettre pour la lettre. Ce n’est pas ce que Dieu a demandé à son peuple.
Il demande donc à ses disciples de dépasser la lettre de la Loi (sans la supprimer, c’est tout l’enjeu !). Et pour cela d’entendre qu’Il « l’accomplit », c’est-à-dire qu’Il lui donne son sens plénier et la rend accessible, vivable par le don de l’Esprit. Sans Lui et sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons pas vivre la Loi de Dieu. Comment comprendre cela concrètement ?
Notre lien, notre confiance, notre FOI en Jésus Christ doit précéder notre lien à la LOI. Pour l’irriguer. Pourquoi la Loi de Dieu, les commandements de Dieu ou de l’Église nous semblent t’il si souvent irréalisables ? Peut-être parce que nous vivons une vie morale indépendante de notre vie spirituelle.
La vie spirituelle, pour un chrétien, est première parce qu’elle innerve nos choix de vie dans le domaine moral. La vie spirituelle, c’est confesser Jésus Fils de Dieu, le célébrer, se nourrir des aliments spirituels que sont les Écritures saintes et les sacrements. Notre vie morale en est progressivement toute transformée parce qu’elle est en nous l’œuvre de l’Esprit et non de notre seule volonté.
La foi ne supprime pas la loi. Elle permet la loi. Il n’y a pas de foi sans loi. Et pas de loi sans foi !
Père Philippe Marsset