S’HABILLER LE COEUR
C’est jour de fête dans le royaume ! Mais… Regardons-les,
les proches du roi – Dieu – ou du moins qui se croient tels : ils sont convaincus de faire partie des invités, la question ne se pose même pas, persuadés qu’ils sont d’être prioritaires et d’avoir leurs places réservées. Oui mais voilà, du coup l’invitation ne leur fait ni chaud ni froid : pour eux, ce n’est pas un don, c’est un dû. Au fond, cela ne les intéresse pas, cela les ennuie même : il faut sortir de chez soi – de ses habitudes, de ses priorités –, changer de costume – changer de manière de croire, de manière de vivre –, et puis quoi encore ? De toute façon, on se sent tellement proche de celui qui invite – Dieu – qu’on ne voit pas pourquoi l’on ferait le moindre effort… Des efforts, on en fait déjà assez comme ça toute la journée, on ne va pas en plus en faire pour Dieu ! Et puis, c’est bien gentil cette noce, mais on n’a pas que ça à faire, alors non merci, on est adepte du principe : « moi d’abord, moi ensuite, moi enfin, moi toujours ». Et Dieu dans tout ça ? Eh bien, en fait, il n’y a pas de place pour Lui.
Ces soi-disant proches de Dieu, regardons-les… regardons-nous : ne leur ressemblerions-nous pas, par hasard ? Ne sommes-nous pas parfois persuadés d’être les élus, ceux qui sont et font l’Église ? Dès lors, pourquoi faire le moindre effort supplémentaire, changer de costume – se convertir ?
Attention, la question vaut pour tous, y compris les nouveaux invités : les nouveaux baptisés, les nouveaux convertis, les « recommençants » dans la foi et la vie chrétienne. Oui, Dieu invite large, les mauvais comme les bons (ce qui nous fait grincer des dents, car évidemment, les bons c’est nous et les mauvais, ce sont les autres). Mais, tous, nous sommes appelés à veiller en permanence à notre costume : il nous faut sans cesse, comme disait saint Paul, revêtir le Christ, être dignes de l’invitation de Dieu, être dignes de notre identité d’enfants de Dieu. Cette dignité est signifiée, symbolisée par l’image du vêtement de noces. Quand on est invité à un mariage, on n’y va pas en pyjama : avoir le vêtement de noces, c’est s’habiller le cœur pour répondre à l’invitation du Seigneur à partager la fête de Son Royaume. Mon repas est prêt, nous dit-il : alors, debout, nous sommes attendus !
Père Philippe Bernard