POUR CONNAÎTRE, IL FAUT S’ENGAGER
Après la joie de l’adoration durant le temps de Noël, c’est le moment de prendre la route. Le moment de devenir disciples, c’est-à-dire d’évangéliser toute notre vie. Or, le récit des premiers disciples qui suivent Jésus chez l’évangéliste Jean est tout à fait original. Pour les trois premiers (André, un autre disciple et Simon-Pierre) il n’y a pas à proprement parler « d’appel » de Jésus, mais une invitation à le suivre dans la foi. Les disciples sont invités à un patient processus de découverte du mystère de la personne de Jésus et il n’est pas d’autre condition à cette découverte que la mise en route. C’est précisément ce à quoi les invitent Jésus.
Et cet épisode évangélique nous invite à faire la même dé-marche en entrant peu à peu dans la perception véritable des paroles et des gestes de Jésus, lesquels restent voilés à toute lecture non croyante. Il s’agit de rejoindre Jésus à notre tour par une expérience croyante capable de transformer notre regard et notre cœur. Une seule condition à cela : se mettre en route et suivre le Maître.
Tout d’abord, il y a la désignation de Jésus comme l’Agneau de Dieu. Pour Jean, Jésus est l’Agneau Pascal, cet agneau égorgé dans la nuit du départ des Hébreux du pays d’Égypte. Le sang de l’agneau pascal est devenu signe de libération. Rappel d’un contexte pascal qui se retrouve dans la question que pose Jésus : « Que cherchez-vous ? » Question que l’on ne retrouvera en effet que deux fois : à son arrestation au Mont des oliviers et au matin de la résurrection, question posée à Marie-Madeleine qui cherche Jésus dans le jardin. C’est tout l’itinéraire de la foi et de l’évangile qui se situe entre ces deux questions : il s’agit de passer d’une recherche « innommable » à une confession de foi résolue au Christ qui vient combler toute quête du cœur de l’homme.
La question des disciples « où demeures-tu ? » nous oriente également vers le mystère pascal. Demeurer, pour Jean, c’est entrer dans une communion intime avec Jésus, percevoir et faire l’expérience qu’une vie donnée est source de vie. C’est en vue de cette communion intime que Jésus a planté sa tente et « demeuré » parmi-nous (Jn 1,14). Communion de vie, d’amour, de mission. En vue de cela, il faut durer, il faut « demeurer ».
Enfin, la réponse que leur donne Jésus : « Venez et voyez » est clairement une invitation à l’expérience de la foi. Il s’agit d’apprendre peu à peu, à l’école du Maître, que le parcours qui va de la mort à la vie, de la nuit à la lumière, de la croix à la gloire, est bien le seul parcours qui nous conduise, à travers une transformation nécessaire, vers une communion de vie et d’amour avec Dieu.
Père Jean-Luc MICHAUD