VOUS AVEZ DIT : « AUTORITÉ » ?
« Il (Jésus) enseignait en homme qui a autorité… » « Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! » Ce mot d’autorité n’a pas toujours bonne presse : on y associe souvent les notions de pouvoir excessif, de soumission humiliante, de manque de respect, d’absence de dialogue, etc. On se souvient d’un des slogans de Mai 68 : « il est interdit d’interdire ». Mais voilà qu’en France, les épouvantables événements de début Janvier ont fait qu’on recommence à parler d’autorité à l’école et plus généralement dans la société. Mieux vaut tard que jamais…
Jésus enseigne donc avec autorité. En latin, dont le mot est issu, le verbe qui correspond signifie « augmenter », « faire grandir ». Loin de réduire ses auditeurs au rôle de simples exécutants, l’enseignement de Jésus les fait grandir. D’ail-leurs, à ceux qui le suivent, Jésus dira : je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis (Jn 15,15). La parole de Jésus n’abaisse pas, n’écrase pas. Combien de fois ne dira-t-il pas : lève-toi ! La parole de Jésus guérit, elle aide l’homme à se libérer du mal. Elle sauve !
De plus, ceux qui l’entendent constatent que l’enseignement de Jésus est nouveau (on parle de « Nouveau Testament »…). Jésus ne répète pas des paroles venues du fond des âges : « à vin nouveau, outres neuves ! » (Mc 2,22). Jésus crée du neuf pour faire grandir l’homme jusqu’à sa dimension d’enfant de Dieu. Car la source de l’autorité de Jésus n’est pas humaine, mais divine.
Jésus s’engage dans sa Parole, plus : ses actes coïncident avec ses paroles, et c’est aussi cela qui fonde son autorité. Il s’en prendra d’ailleurs violemment à ceux qui disent mais ne font pas, qui parlent de la Loi de Dieu et l’imposent aux autres mais ne l’appliquent pas eux-mêmes (cf. Mt 23,1-4). Ah, Seigneur, qu’il est difficile d’ajuster nos actes à nos idées et à nos bonnes intentions…
Jésus ne fait pas miroiter aux yeux des hommes les paillettes d’une fausse liberté, il est celui qui les libère en profondeur. Sa Parole et ses actes rétablissent l’homme abîmé, l’homme blessé dans sa dignité et sa liberté d’enfant de Dieu. L’autorité de Jésus ne possède pas l’homme, c’est le contraire : elle fait que l’homme n’est plus possédé par le mal.
Père Philippe BERNARD