Editorial du dimanche 20 septembre 2009

LA PEUR : UN TRAIN QUI PEUT EN CACHER UN AUTRE

Le Pape Benoît XVI, dans sa volonté de redonner à l’Église et au monde les prêtres qu’il lui faut, n’a pas hésité à rappeler aux prêtres l’essence de leur ministère. Il a choisi pour nous le thè-me « Fidélité du Christ, fidélité du prêtre ». Ceci pour nous inviter à être fidèles dans notre mission comme le Christ l’a été dans la sienne. Le prêtre doit s’identifier au Christ en tout et pour tout. Cette identification au Christ n’est ni une idéologie ni une utopie.

Aussi pour encourager les prêtres à cet appel, il demande au Seigneur « la grâce de pouvoir apprendre nous aussi la méthode pastorale de saint Jean-Marie Vianney ». Cette méthode consiste à chercher l’harmonisation entre la vie du ministre et la sainteté du ministère qui nous a été confié. Le saint curé d’Ars, nous rappelle le pape, « enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie » et sa ligne de conduite : « ne faire que ce que l’on peut offrir au bon Dieu ». Il était tout tourné vers le Christ et vers l’homme qui a besoin de miséricorde. Ne dit-on pas « qu’à peine arrivé, il choisi l’église pour être sa demeure. Il entrait dans l’église avant l’aube et il n’en sortait qu’après l’Angélus du soir ». « Ars était devenu le grand hôpital des âmes ». Quel programme !

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nous présente aussi son programme : « le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Un programme qui fait peur, surtout quand il s’agit de passer par la mort. Nous constatons que la peur des disciples est comme un train qui en cache un autre. Ce deuxième train n’est autre que l’indifférence face à ce qui arrivera au Maître. Pierre n’a-t-il pas dit : « maître, cela ne t’arrivera jamais » ? En plus, leur attention ne repose que sur leur propre intérêt « car sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand ». Ce genre d’indifférence n’est pas à encourager. Elle nous conduira sans faute à oublier que le prêtre a lui aussi un programme parsemé de « mort ». Il est aussi un pauvre, un enfant que le Christ nous envoie : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille… ».

Nous nous confions donc à votre prière et à votre attention, pour qu’à « l’exemple du saint curé d’Ars, nous-nous laissions conquérir par le Seigneur et soyons, comme vous aussi, dans le monde d’aujourd’hui, des messagers d’espérance, de réconci-liation et de paix ». Cf. Lettre de Benoît XVI aux prêtres pour l’ouverture de l’année du sacerdoce.

Père Bénigne IKANI