Le jour de gloire arrive
Je parle de Jésus, évidemment dans cet épisode étrange que nous entendons aujourd’hui ! Des Grecs veulent le voir. Cela veut dire que des païens veulent le voir. Peut-être Jésus perçoit-il là une demande mondaine. Ils veulent voir Jésus comme d’autres veulent voir le Pape. Pour des raisons médiatiques. Alors Jésus change la dimension de sa réponse. Il répond en 3 temps qui vont correspondre à ce qu’il va vivre dans sa Pâque, dans quelques jours.
« Si vous voulez non pas simplement me voir, mais voir qui je suis, écoutez d’abord le nom étrange que je me donne. Je suis « le grain de blé » et je vais tomber en terre. Mais c’est pour donner du fruit.
Cet ensevelissement va me coûter (2ème temps). « Mon âme va être bouleversée ». Je vais crier, je vais prier : « Père, s’il est possible… ». Et la Parole de mon Père viendra sur moi. Un ange me visitera pour me redire que l’enjeu de cette mort n’est pas la mort, mais la gloire de Dieu, la gloire du Père, la gloire du Fils : « je le glorifierai ».
Et en quoi cette mort sera-t-elle glorieuse ? Car (3ème temps), « le prince de ce monde va être jeté dehors et j’attirerai alors à moi tous les hommes ».
Jésus décrit donc sa Pâque.
Et nous, nous nous demandons : comment et pourquoi le mal est-il jeté dehors ? Boko Haram, le Pakistan, Daech, l’Inde… Est-ce que la croix de Jésus a été un échec ? Ou est ce que la persécution des chrétiens participe aujourd’hui de cette spiritualité abyssale que décrit saint Paul (Col 1, 24) « ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église ». Cette parole, je la comprends ainsi aujourd’hui et je le dis à genoux en me demandant ce que moi, j’en fais. Cette exhortation à participer à une « communauté crucifiée » avec le Christ procède de la participation à aimer comme le Christ. Ce n’est donc pas dans la communauté de la croix que la communauté de l’amour plonge ses racines, mais l’inverse : c’est de la communauté de l’amour (pour Jésus) que jaillit la communauté de la croix.
Oui, ce n’est pas la souffrance qui sauve le monde, c’est l’amour. L’amour du Christ pour le monde. Et aujourd’hui, l’amour de ces chrétiens martyrs pour le Christ participe à l’épreuve du Christ !
À quelques jours de Pâques, Père Philippe Marsset