Editorial du dimanche 28 février 2010

HEUREUX D’ETRE ICI !    ET VOUS ?

Huit jours après la profession de foi de Pierre à Césarée de Philippe, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls pour prier, à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur éblouissante. Élie leur apparut avec Moïse et ils s’entretenaient avec Jésus. Les disciples étaient heureux et apeurés d’être témoins de ce spectacle.

Nombre de commentateurs relient la scène du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain par Jean-Baptiste, la confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe et le dévoilement de la gloire qui est cachée sous le voile de la chair de Jésus. À Césarée de Philippe, Pierre reconnaît Jésus comme le Christ ou Messie : « Tu es le Messie de Dieu » (Luc 9, 20). Au baptême, le Père s’adresse du haut des cieux à Jésus : « Tu es mon Fils : moi aujourd’hui je t’ai engendré. » Tandis que lors de la Transfiguration, le Père révèle à Pierre, Jacques et Jean que Jésus est son Fils à qui il faut obéir : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi; écoutez-le. » La révélation de Jésus et de sa mission progresse donc en ce deuxième dimanche de Carême.

C’est dans la solitude et le silence, à l’écart, que Jésus manifeste sa gloire aux trois disciples qui seront présents à Gethsémani. Comme pour nous dire de nous placer dans les mêmes conditions pour savoir qui est Jésus. Les témoins étaient les mêmes parce que le souvenir de la lumière éclatante devait les préserver contre le scandale de l’agonie. Pierre a été choisi, comme le chef désigné, Jean était le plus aimé, Jacques son frère ne le quittait pas et devait être le premier des Apôtres à verser son sang pour l’évangile.

Moïse est ici le signe de la Loi et Elie le représentant des prophètes de l’Ancien Testament. Mais le récit de cette transfiguration fait de Moïse, en quelque sorte, le personnage principal par rapport au prophète Élie. Lors de l’Exode, le Seigneur s’adressait à Moïse depuis la nuée. Quand Moïse s’entretenait avec Dieu sur la montagne son visage rayonnait. Aussi perçoit-on dans la voix du Père la réponse à la prière de Jésus : la réponse lui vint d’en haut, en forme de nuée. Cette nuée n’était pas un simple nuage. Les disciples furent saisis d’effroi lorsqu’ils la virent s’interposer entre le soleil et eux, comme pour envelopper Moïse et Élie avec Jésus. Une voix se fit entendre… Alors ils comprirent que la voix était celle du Père, sortant de cette même nuée, qui autrefois, dans le désert du Sinaï, demeurait au-dessus du Tabernacle pendant que la gloire du Seigneur y pénétrait (Exode 40, 34). C’était alors une indication sensible de la présence de Dieu parmi son peuple ; elle se fit entendre une dernière fois, car désormais Dieu parlait par son Fils Jésus-Christ.

Père Jean-Luc MICHAUD