Le sans-papier et le sans nom
Lazare, dans cette parabole bien connue, ressemble à un sans- papier, mais il a un nom. Le riche ressemble à un bon bourgeois mais il est sans nom.
Sur la terre, la pauvreté de ce riche, c’est sa richesse. L’unique richesse de Lazare, c’est sa pauvreté.
À la fin de leur vie, le riche meurt, il est juste mis en terre. Lazare meurt, il est porté au Ciel par les anges de Dieu, dans le sein d’Abraham.
Et entre les deux, un immense gouffre. Ce n’est pas ici une description de la géographie céleste, c’est une description de nos choix terrestres qui nous suivent dans le ciel. Nous construisons notre destin éternel sur la terre.
Le riche est isolé du monde d’Abraham par ce gouffre comme il s’était isolé du monde de Lazare par ses murs. L’abîme est le prolongement inversé de sa muraille.
Et voilà qu’au ciel, il se découvre des sentiments d’humanité qu’il n’avait pas sur la terre. Mais c’est un peu tard. Car il y avait la Loi et les Prophètes donnés pour le temps de la terre. Pratiquer sa foi, c’était sa vocation, son travail, sa mission.
Bon d’accord, dit le riche à Abraham, mais alors, fais un miracle, c’est toujours plus crédible que l’Écriture ! Renvoie Lazare sur la terre, sors-le de la mort. Allusion limpide au fait que même la Résurrection de Lazare n’amènera pas une partie d’Israël à se convertir. Ceux qui refusent de suivre la Loi ne seront pas plus convertis par la Résurrection d’un mort, qu’il s’appelle Lazare ou Jésus.
Je lis ici deux enseignements. Le premier sur la force de la Parole de Dieu, Ancien et Nouveau Testaments. Elle guide notre agir. Ou disons, plus clairement : elle doit guider notre agir. C’est l’écoute de la Parole qui nous rend croyant.
Le second enseignement, c’est l’écoute de la Parole qui crée en nous la vraie charité, car nous pouvons rapidement devenir myopes sur les réalités humaines qui nous entourent.
Père Philippe Marsset