Ça bouscule !
Nous voilà cueillis à froid au seuil de cette nouvelle année pastorale par une page d’Évangile quelque peu déroutante où le premier Pape, tout juste institué (« Pierre, tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église ») se fait traiter de Satan par son Maître !
Après avoir donné à Jésus son vrai titre de Messie, Pierre va faire un blocage sur la suite des paroles qui concernent la souffrance de ce Messie. Il refuse (c’est son premier reniement) de voir le Christ souffrir. Réticence humaine bien logique. La croix, c’est rebutant pour Pierre, comme pour tout le monde. Mais c’est le choix du Christ, c’est le choix de Dieu pour le salut des hommes. Pierre refuse ces paroles du Christ. Il ne prend pas toute la Parole. Il entend ce qu’il veut, il prend juste ce qu’il pense bon. Au moins à ce moment de sa vie.
Comme nous, parfois !
Il va se mettre à faire de vifs reproches à Jésus : à quelques minutes d’intervalle, il confesse la vérité sur la personne de Jésus et le rabroue en lui disant ce qu’il doit faire. Il semble que sa fierté d’avoir identifié le Messie se soit transformée en orgueil ! Comme il peut arriver à des chrétiens de s’enor-gueillir d’être chrétien. Mais la foi, ce n’est pas être sûr de ce que nous disons (nos mots sont bien pauvres). La foi, c’est être sûr de Celui que nous confessons ! C’est le deuxième renie-ment de Pierre. Notre sécurité spirituelle est en Lui, pas en nous. Nous sommes trop pusillanimes.
Enfin sa troisième trahison, c’est d’exposer sa pensée devant les autres disciples. Jésus lui dit « Vade retro, Satana » au moment où il s’aperçoit que les disciples ont entendu les paroles de Pierre. Cette réaction terrible de Jésus vient donc de la présence des autres disciples. Car si le chef réagit comme cela, que va croire, que va devenir le troupeau ? Toutes nos paroles sont écoutées. Toutes nos vies sont exposées. Nous existons les uns par les autres !
Au seuil de cette rentrée, au terme de cet été si cruel et si éprouvant, osons écouter la Parole de Dieu, toute la Parole. Comme le dit Saint Paul, «renouvelons notre façon de penser pour savoir reconnaître la volonté de Dieu »
Père Philippe Marsset, curé