La résurrection : croire pour comprendre ou comprendre pour croire ?
Pâques réunit 3 évènements en un.
Commençons par le second : la mort de Jésus. Mort injuste et cruelle. Tous les hommes, croyants ou non, historiens ou philosophes peuvent adhérer et constater cet évènement de l’histoire qui n’appelle pas à proprement parler un acte de foi pour ceux qui le regardent.
Ce qui en fait un évènement de foi, c’est la résurrection. Sa mort était un évènement de charité, (il donne sa vie par amour), sa résurrection est un évènement de foi. S’il n’était pas ressuscité, sa mort aurait été aussi anonyme qu’une autre aussi dramatique.
Comment donc rendre compte de cet évènement de foi qui s’est déroulé sans témoin ? Les premiers témoins ont en effet vu Jésus ressuscité, mais personne n’a vu Jésus ressusciter.
Il faut donc passer par ces témoins pour remonter jusqu’à l’évènement qui suscite notre foi. Il faut croire ceux qui ont vu ce que nous ne verrons pas. Autrement dit, si nous voulons croire en Lui (Jésus Ressuscité), il faut croire en elle. « Elle », c’est l’Église qui a vu, l’Église qui a témoigné, l’Église qui a rédigé les Évangiles.
La foi, ce n’est donc pas croire que Dieu existe. C’est croire en ceux qui ont été contemporains de Jésus et qui ont vécu cet évènement : les Apôtres, Marie-Madeleine, les disciples d’Emmaüs, les Évangélistes… Ils ont vu et écrit pour que nous croyions. Ces récits et cet évènement sont le cœur battant de notre foi. La foi, ce n’est pas « comprendre pour croire », c’est « croire pour comprendre » (la Résurrection), disait saint Augustin.
C’est plus une question d’oraison que de raison !
C’est là que nous rejoignons le premier des trois actes que Jésus pose dans sa Pâque : la sainte Cène : « ceci est mon corps ». Quand il dit cela sur le pain, il n’a pas physiquement donné son corps. Seuls les évènements des trois jours qui suivent, peuvent ouvrir les yeux de la foi. Et ces yeux là sont les nôtres aussi. Car lorsque nous célébrons la messe aujourd’hui, c’est bien Jésus Ressuscité qui agit et se rend présent : aujourd’hui encore « ceci est mon corps ».
Oui, décidément il faut croire pour comprendre !
Père Philippe Marsset, curé